Après l'insomnie de la nuit causée par l'alarme réveil du téléphone de Jocelyne mise à 0h40 (on se demande pourquoi...), nous avons du mal à émerger du lit ce matin, tandis que Marie est déjà prête.
Nous prenons le petit déjeuner dans le fourgon de Marie, et quittons sans tarder la sympathique chaumière aimablement prêtée par Yolaine et Jean-Pierre, qui pratiquent "l'accueil cyclo". Merci à eux !
Moins d'une demie-heure plus tard, nous franchissons le pont de St. Nazaire, trouvons un parking. Les sacoches sont installées et c'est parti ! Mais comment faire pour passer sous le pont ? Comme j'ai vu que le point de départ de l'Eurovélo 6 est située à Mindin, nous revenons sur nos pas et découvrons ce magnifique panneau qui nous confirme que c'est bien ici que démarre officiellement notre randonnée.
Marie-Agnès nous accompagne jusqu'à Paimboeuf. Le temps - même s'il est frais - est plaisant avec le soleil et le vent qui vient du large- déjà bien présent à cette heure - nous donne un coup de pouce appréciable.
Sur de petites routes tranquilles, nous avançons sans problème, guidés par un fléchage (presque) irréprochable.
À Paimboeuf, première halte. Un café ou un chocolat chaud nous requinque et nous réussissons même à "décoincer" la patronne du bar, point trop bavarde et que nous dérangeons à cette heure car elle installe les tables pour les repas du midi.
À présent seuls (mais sur un tandem c'est une solitude relative...), nous poursuivons vers Le Pellerin. Nous longeons pendant de nombreux kilomètres le canal de la Martinière qui durant des décennies se substituait à la Loire et à son large estuaire pour le transport maritime. À un moment, nous tombons en extase devant un nid de cigognes. Eh oui, il n'y a pas qu'en Alsace que l'on en trouve. D'ailleurs, l'an passé, au premier jour de notre randonnée sur le canal du Midi, nous avions également bénéficié d'un tel spectacle attendrissant.
Mais il nous faut rester vigilants car, à un moment de relâchement, un tuyau rigide de je ne sais quoi - en biais - nous donne une grosse frayeur et nous sommes à deux doigts de chuter...
Au Pellerin, il nous faut traverser la Loire par le seul moyen à disposition : le bac. Nous attendons gentiment, car le bateau est de l'autre côté. Le temps s'est voilé, ce qui ne nous incite guère à nous "dévoiler" : Jocelyne gardera ses 4 épaisseurs tout au long de la journée...
La Loire franchie, nous sommes dans la grande banlieue de Nantes, dont j'appréhende la traversée (je n'aime pas franchir les villes à vélo et elles me le rendent bien...). Le fléchage se relâche un peu et nous faisons des entorses à notre itinéraire. Mais bientôt nous sommes rassurés car se profile le pont de Bellevue, qu'il nous faut passer par en-dessous. Ensuite, c'est une formalité pour gagner le centre de Nantes, car les pistes cyclables empruntent les couloirs bus. C'est le pied et nous ne pouvons nous empêcher de narguer les voitures qui doivent se contenter de la même largeur de chaussée que nous !
Il est près de 13h, nous avons déjà parcouru plus de 60 km, aussi décidons-nous de nous arrêter dans un petit restaurant. Prenons la formule plat - dessert : brochettes de veau - gratin dauphinois et crème brûlée pour Jocelyne et tarte meringuée pour moi.
Après s'être bien requinqués, nous sommes inquiets en ressortant car quelques gouttes sont tombées et les nuages sont très menaçants. Mais c'est juste histoire de nous faire peur, car le soleil reprend rapidement le dessus, il manque juste la chaleur. Nous quittons Nantes sans trop de difficulté. Bien entendu, nous n'avons pas vu le futur premier ministre (nommé le soir même), mais nous avons une pensée pour notre nouveau président en passant tout près de la place de la petite Hollande.
Nous abordons un long tronçon (une douzaine de kilomètres) super agréable : une piste cyclable, longeant la Loire, agréablement boisée. C'est le long de ces chemins que nous déclamons le texte rédigé pour le futur grand événement qui nous attend Jocelyne et moi le 26 mai ! Cette fois, nous le maîtrisons à peu près bien...
Nous commençons à voir d'autres intrépides cyclos, dont un couple d'italiens qui semble bien fourbu et nous demande comment rallier Champtoceaux au plus court ! Cela nous rassure de voir ces petits jeunes en perdition, tandis que nous, nous avançons.
Comme nous ne voyons pas Marie qui devait venir à notre rencontre, nous l'appelons. Nous apprenons qu'elle a chuté sur le trottoir du pont de l'arrivée à Oudon : le guidon de son vélo s'est pris dans la rambarde du pont et elle est lourdement tombée sur la chaussée. Heureusement, plus de peur que de mal, et une protection efficace : le casque qui a amorti le choc. Et puis elle a la tête solide Marie ! Un peu plus tard, quand nous seront rassurés sur son état nous la chambrerons gentiment en lui disant que sans doute cherchait-elle à se faire le pont (de l'Ascension) !!!
La route entre Mauves-sur-Loire et Champtoceaux nous fait rencontrer les premières côtes de la journée. Après plus de 90 km, les muscles ne comprennent guère ce changement de régime. Nous retrouvons Marie à l'entrée d'Oudon et sommes rassurés sur son état. À présent il nous faut trouver "La maison dans les bois", notre chambre d'hôte du soir. À ce moment là, on n'imagine pas qu'il nous faudra 1h30 pour rallier notre halte !
D'abord, franchir la côte à la sortie d'Oudon. Jocelyne me demande si c'est encore long et comme je ne peux pas être rassurant, elle me répond alors : "Bon et bien je baisse la tête pour ne pas voir". Ne serait-ce pas la politique de l'autruche ?
Arrivée au sommet, nous sommes complètement "paumés", aussi appelons-nous la propriétaire. Qui arrive quelques minutes plus tard pour nous guider. C'est en la suivant qu'arrive l'autre incident de la journée : la chaîne du tandem lâche. Je suis vert, tandis que Jocelyne est carrément pliée de rire !.. et nous voilà, moi marchant avec le tandem et Jocelyne avec la chaîne à la main...Image un peu surréaliste et pendant ce temps Marie-Agnès est censée venir nous rechercher. Or nous marchons pendant plus de 3 km et pas de Marie en vue... Elle s'est perdue ! Enfin voici le camion vert...mais je décide de continuer à pied avec le tandem : car il ne reste que 500 mètres.
Bref, nous sommes bientôt installés devant une boisson fraiche offerte gracieusement par Céline, notre hôtesse qui est vraiment aux petits soins pour nous. La chambre d'hôte est "super design" dans un environnement boisé et calme comme nous les aimons. . De cette manière, nous oublions tous les déboires de cette fin de parcours.
Nous avons parcouru 103 km, mais seulement 99,59 km sur le vélo, le reste ayant été fait à pied !