Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Bilan de Joël après ce premier tronçon

Nous voici de retour à la maison, après un long voyage retour. Cela fait bizarre de refaire en 2 jours, ce que nous avons parcouru tranquillement en un mois. Comme une accélération brutale, qui vient percuter le rythme paisible qui était le notre, malgré les exigences de la randonnée vélo.

Pourtant, ce qui prédomine depuis notre retour - pour l'un comme pour l'autre - c'est de nous sentir bien dans notre corps et d'éprouver une joie sereine : celle d'avoir réussi notre défi malgré l'adversité et l'envie de nous projeter dès maintenant sur le 2ème tronçon en septembre vers Lisbonne.

Nous avons envie de partager - individuellement - dans ce dernier article, les réflexions qui se dégagent de cette aventure : ce qui a bien fonctionné, ce qui mérite d'être revu, ce que nous avons apprécié, ce qui nous a étonné, bref un petit bilan de ce mois de juin entre Cossé et Copenhague.

Pour l'heure, voici le retour de Joël, celui de Jocelyne paraitra un peu plus tard.

 

Globalement, je suis très satisfait de cette randonnée vélo vers Copenhague. Même si certains moments furent difficiles, j'ai apprécié la plupart des étapes, découvert des régions que je ne connaissais pas ou peu (y compris en France) et goûté la chance de vivre cette randonnée en grande proximité avec Jocelyne.

Cette première partie de notre tour d'Europe était aussi un test et il a révélé quelques points à rectifier pour les prochains tronçons.

En premier lieu, la distance. Nous avons parcouru près de 2300 km en 23 étapes, ce qui donne une moyenne de 100 km par jour. C'est trop, sachant que nous roulé certains jours 120 et jusqu'à 130 km. De telles distances, même avec l'assistance électrique, même avec un terrain globalement plat à partir de Liège, ne permettent pas de profiter du paysage, ni d'arrêts prolongés et encore moins de visites. C'était chaque jour 6 à 8 heures de vélo et des journées s'étirant entre 7h30 et 18h (en incluant l'installation des bagages et le déchargement le soir).

Quand nous indiquons une étape de 80 km, en final nous arrivons à un total de 95 à 100 km. Pourquoi ? Plusieurs raisons : le kilométrage calculé via GPS diffère du kilométrage sur le compteur du vélo d'environ 5%, impossible de ne pas se tromper de route lors d'une étape, de nombreux travaux ont occasionné aussi beaucoup de déviations d'où des kilomètres en plus et enfin, volontairement, nous pouvons faire un petit détour pour trouver un magasin, chercher un coin plaisant pour le pique-nique ou découvrir un site intéressant.

Nous avons donc décidé pour la randonnée vers Lisbonne de limiter les étapes à 70-75 km, soit une distance totale de 1700 km (via GPS, donc environ 2000 km au compteur, soit 85 km/jour). Pour réaliser cet objectif, nous envisageons de partir - sans doute - de Cognac, où une invitation nous a été lancée.

Autre problème : les bagages. Avec un chargement de 50 km, notre tandem est très sollicité et a bien failli nous contraindre à rentrer lors du passage à Hambourg. Il est difficile de faire avec moins, par contre nous pouvons sans doute améliorer la répartition en chargeant plus à l'avant.

N'importe comment, une revision va s'imposer cet été pour que notre machine retrouve sa "santé".

Puisque j'aborde les "bémols", un dernier point m'a quand même grandement handicapé : la langue. A partir de Liège, le français ne sert plus à rien, hormis auprès de quelques exceptions. J'ai pu mesurer en la circonstance, combien mes carences dans les langues, y compris l'anglais, limitaient mes interactions avec les personnes rencontrées. Et j'admirais Jocelyne qui, elle, échangeait dans la langue de Shakespeare avec une grande aisance...

Nous avons parcouru 5 pays et mes coups de cœur vont indéniablement aux Pays-Bas d'abord, et en second lieu au Danemark.

Les Pays-Bas, avec le manque de relief, sont pourtant un pays fascinant, paradis des vélos (mais à Amsterdam c'est un vrai danger public...), avec ses innombrables pistes cyclables. Un grand nombre longe les canaux et les villages coquets donne une impression de grande tranquillité chez ses habitants et une nature bien préservée, dans un pays à la densité quatre fois supérieure à la France.

Le Danemark, quant à lui, m'a plu par sa proximité maritime permanente. Sans doute est-ce lié au fait que nous avons abordé ce pays par ses îles et non par sa presqu'île. Là aussi, beaucoup de zénitude chez ses habitants, y compris à Copenhague, même si - dans le trafic cycliste - comme à Amsterdam, il fallait rester vigilant devant la masse de vélos.

Parmi les villes parcourues, c'est pour Liège que j'ai eu le coup de cœur. Entre les sinuosités de la Meuse et les collines surplombant la ville, la "cité ardente" a su nous séduire, sans doute aussi parce que nous avions la chance d'avoir de bons guides touristiques...

Traverser des pays, même voisins, est une occasion de découvrir des modes de vie assez, voire très différents. Ce qui nous a surpris dès le passage en Belgique flamande, c'est la généralisation des pistes cyclables et des organisations urbaines différentes : pas de centres commerciaux en périphérie et peu de commerces en centre-ville. Parfois, nous avons vraiment galéré pour trouver des commerces d'alimentation et nous nous sommes même demandés comment pouvait bien faire les habitants.

Autre constatation voisine : pas ou peu de restaurants ou bars. En tout cas, guère de cuisine comme en France, et les restaurants qui ont pignon sur rue sont soit italiens ou chinois, soit standardisés comme ce MacDo que nous avons été bien contents de trouver avant de rallier notre hébergement près de Brème, isolé de tout en pleine nature (au demeurant superbe). Ainsi, à Copenhague, nous avons échoué chez un restaurateur originaire de Marseille, signe d'une culture gastronomique minimale dans ces pays du nord.

Par contre les glaces et la bière sont bonnes. Avec les premières chaleurs aux Pays-Bas, c'est devenu une habitude de déguster une crème glacée "ijsje" (affiché partout, ce mot m'a plu et j'ai continué de l'utiliser en Allemagne et au Danemark). Moi qui ne suis pas un gros consommateur de bière, j'ai aussi apprécié leur saveur rafraîchissante.


Globalement, nous avons bénéficié d'hébergements de qualité, aussi bien sur le plan confort que du côté relationnel. Cela oblige aussi à une adaptation permanente à des modes d'accueil quand même très différents entre les hôtels d'une part, et les chambres chez l'habitant d'autre part. Mais nous avons su faire preuve d'adaptation et le soir, bien fatigués, nous n'avions pas trop de mal à nous endormir, dès 20h30-21h parfois. Mais le matin, avec un lever du jour de plus en plus précoce (dès 4h au Danemark), nous étions à pied d’œuvre souvent très tôt.

Quelques belles rencontres ont jalonné ce périple. Le contraire serait surprenant. J'ai déjà évoqué la limite que pose la méconnaissance de la langue, néanmoins nous avons pu avoir de bons échanges avec quelques cyclo-randonneurs qui, à l'exception d'Alexandre - l'alsacien - tous étrangers, quelques belles rencontres de passage et un accueil chaleureux à Liège avec Jacques, Michèle, Alix et Jean-Claude ainsi que Dagmar, notre ange-gardien à Hambourg...

Une nouvelle fois, j'ai pu découvrir combien à vélo on se sent proche de la nature et combien d'émerveillement devant un cygne, des chevaux, ou face à des panoramas étonnants (comme le Mons Klint au Danemark, mon grand coup de coeur), devant aussi ces canaux et plans d'eaux bien aménagés, ces forêts très présentes, notamment en Allemagne.

Nous avons pu aussi mesurer les changements en cours : les milliers d'éoliennes, et les champs de panneaux solaires qui prolifèrent un peu partout que l'on soit en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne et au Danemark. C'est rassurant de constater la place privilégiée occupée par les vélos dans tous ces pays, il faut dire que les infrastructures existent et que les habitants se les approprient. 


D'ailleurs, on ne peut que constater la bonne évolution, dans ce sens, que connaît Paris, que nous avons traversé sans difficulté, grâce au réseau cyclable densifié ces dernières années.

Je ne voudrais pas terminer ce retour, sans évoquer ma partenaire.

Jocelyne m'a véritablement épatée. Jamais une plainte, juste une fois (un jour quand elle était malade) où elle m'a demandée : "C'est encore loin l'arrivée ?". Son rôle n'était pas facile, car c'est elle qui avait le GPS en main et qui était chargée de prendre photos et vidéos. Comme c'était le même appareil qui gérait les deux fonctions, il fallait donc jongler subtilement pour ne pas se "dérouter".

Ce voyage d'un mois a permis de constater combien nous étions en phase sur notre manière d'aborder nos étapes, de partager nos émotions, nos ressentis et parfois, d'amorcer des discussions sur bien des sujets.

Mais parfois aussi, le silence accompagnait nos coups de pédale, et c'est dans doute dans ces moments-là que le partage était le plus intense...

En conclusion, je peux dire que ce premier tronçon reste encore un peu expérimental, même s’il donne déjà la tonalité de ce que l’on veut faire : se nourrir des impressions offertes par les paysages et la nature, se laisser bousculer par les aléas de la randonnée, s’ouvrir aux rencontres impromptues. Sans doute, avons-nous trop peu privilégié les dimensions mémorielle et culturelles, les étapes trop longues ne nous le permettant pas aisément. Mais, malgré cette réserve, je dois reconnaître que ce périple européen par tronçon est une bonne idée et que nous ferons tout pour le mener à son terme si la santé le permet.

Et j'ai hâte d'être au 29 août prochain !

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Encore BRAVO à vous deux et Merci de vos gentils commentaires à notre sujet.<br /> Nous avons nous aussi été heureux de rencontrer de courageuses et belles personnes.<br /> Je ne connais pas le Danemark, mais je partage tout à fait la vision de Joël sur la Hollande...<br /> On vous embrasse.
Répondre
M
Félicitations... je suis admirative.. je ne me sens pas capable de faire autant de vélos Mais, ayant retrouvé une des familles allemandes où mon père était prisonnier en 1940- 45 , j'ai besoin de retracer son parcours et illustrer, compléter son mémoire de captivité... Votre exemple est riche de rencontres... Bravo
Répondre